FREDERIC LABBE CHAPUIS Le Gabon face à trois défis majeurs

Le Gabon face à trois défis majeurs

Le Gabon face à trois défis majeurs post thumbnail image

Le Gabon, où je suis né, a traversé une transition politique majeure en août 2023 avec un coup d’État qui a renversé le régime en place depuis des décennies. Malgré de multiples tentatives de réformes, des années de mauvaise gestion de la richesse pétrolière, une faible inclusion et une stagnation des revenus ont fragilisé le contexte politique et socio-économique. Les principaux enseignements du rapport du FMI.

Défis

Le Gabon fait face à trois défis majeurs :

  • Mauvaise gouvernance et manque de transparence : Le rapport souligne que « la corruption perçue sous le régime précédent a imprégné les résultats politiques, économiques, judiciaires et sociaux au cours des dernières décennies ». Un exemple frappant est le manque de transparence dans la gestion des ressources pétrolières, où « le manque de transparence sur les contrats, la production et le partage des revenus masque l’ampleur réelle des fonds disponibles pour les dépenses publiques ».
  • Détérioration de la situation budgétaire : Le déficit non pétrolier s’est creusé, passant de 7 % du PIB non pétrolier en 2021 à environ 14 % en 2022-23. « Les déficits ont été de plus en plus financés par des arriérés, dont le stock a atteint environ 12,6 % du PIB à la fin de 2023 ». La dette publique a également dépassé le plafond de 70 % du PIB fixé par la CEMAC.
  • Faible croissance du revenu par habitant : La croissance économique devrait ralentir à environ 2,5 % à long terme, ce qui est « insuffisant pour relancer la stagnation du revenu par habitant qui dure depuis des décennies ». Le rapport souligne que « le Gabon a perdu environ 20 % de son revenu réel par habitant au cours des quarante dernières années ». Cette situation est aggravée par la baisse continue des ressources pétrolières.

Recommandations

Le rapport du FMI propose plusieurs recommandations clés :

  • Renforcer la transparence et la bonne gouvernance : Le rapport préconise de « publier tous les contrats miniers, y compris pétroliers » et de « mettre en place un registre des actifs et des passifs publics ». Il est également crucial de « renforcer les pratiques de gestion des finances publiques » et de « s’attaquer aux faiblesses restantes du cadre de LBC/FT ».
  • Assurer la viabilité budgétaire : Le FMI recommande de procéder à un « ajustement budgétaire important à court terme » afin de ramener le déficit non pétrolier à environ 2 % du PIB non pétrolier d’ici 2027-28. Cet ajustement devrait s’appuyer à la fois sur la mobilisation des recettes (par exemple, en réduisant les exonérations fiscales) et la réduction des dépenses (par exemple, en supprimant progressivement les subventions aux carburants).
  • Stimuler la croissance : Il est essentiel d’« accélérer la diversification de l’économie » en améliorant l’environnement des affaires, en développant les infrastructures (notamment dans les secteurs des transports et de l’énergie) et en investissant dans le capital humain.

Perspectives économiques

Les perspectives économiques du Gabon restent mitigées. La croissance économique devrait s’établir à 2,9 % en 2024, soutenue par une reprise de l’activité dans les secteurs minier et agricole. Cependant, la baisse de la production pétrolière et la persistance des déficits budgétaires pourraient peser sur les perspectives à moyen terme. Le rapport souligne que « si les déséquilibres budgétaires ne sont pas corrigés, ils créeront des risques de liquidité à court terme et des risques de viabilité à long terme, qui pourraient déstabiliser les perspectives macroéconomiques ».

Le Gabon se trouve à la croisée des chemins. La réussite de la transition politique et la mise en œuvre de réformes ambitieuses seront essentielles pour relever les défis économiques et sociaux du pays. Le FMI encourage les autorités à poursuivre leurs efforts, notamment en matière de transparence, de gouvernance et de diversification économique, afin de « passer à une croissance plus élevée, plus durable et plus inclusive ».